"Dans l'éternité où tout est un, s'est glissée une minuscule et folle idée de laquelle le Fils de Dieu ne s'est pas souvenu de rire"
Cette phrase est certainement l' une des plus connues des étudiants du cours en miracles. Elle pose le problème tel qu'il est censé s'être activé avant que le temps et l'espace n'apparaissent, avant que l'unité ne devienne dualité, avant que ne se concrétise le petit soi qui constitue aujourd'hui notre individualité et notre identité.
Replacée dans son paragraphe, elle énonce précisément ceci:" Rendons le rêve dont il s'est départi au rêveur, qui perçoit le rêve comme étant séparé de lui et fait pour lui. Dans l'éternité où tout est un, s'est glissée une minuscule et folle idée de laquelle le Fils de Dieu ne s'est pas souvenu de rire. Dans son oubli, la pensée devint une idée sérieuse et capable à la fois d'un accomplissement et d'effets réels. Ensemble, nous pouvons rire des deux et comprendre que le temps ne peut pas faire intrusion dans l' éternité. C'est une blague de penser que le temps peut venir circonvenir l' éternité, ce qui signifie qu'il n'y a pas de temps" (UCEM).
Je propose par ailleurs et à présent d'utiliser la métaphore du "Seigneur des anneaux" pour illustrer dans sa propre perspective l'évènement originel et ses conséquences. Avant la trilogie cinématographique que nous connaissons tous, Tolkien avait écrit une autre œuvre qui représente la cosmogonie à la base du Seigneur des anneaux: "Le Silmarillion".
Dans cette cosmogonie, (et selon un passage résumé de Patricia Chirot): "Le Un, Lluvatar, est le Créateur. Il dispose du peuple des Ainurs, êtres qui le servent dans la félicité et l'obéissance, pour faire apparaître Sa Création. Lluvatar est comparé à un chef d'orchestre, et les Ainurs à ses musiciens. Ensemble, ils émettent des ondes harmonieuses qui se répercutent à travers les immensités infinies de l'indifférencié. Parmi eux, Melkor est celui qui se montre le plus talentueux. Et il veut mettre son don au service de Lluvatar. C'est alors qu'il prend conscience de sa valeur individuelle et qu'il va l'utiliser pour développer une sous-mélodie destinée à renforcer la beauté du thème de Lluvatar. Trois fois il insérera sa propre création dans la trame musicale. Une cacophonie s'ensuivra et une partie des Ainurs voudra le suivre. La patience de Lluvatar cédera et il précipitera Melkor et ses admirateurs dans l'abîme. Sauron est une émanation de Melkor, ange déchu semblable à Lucifer, le plus lumineux des Anges, qui tourna la force divine vers lui afin de la posséder......."
Si nous partons de cette cosmogonie, qui n'est vraiment qu'une métaphore à comparer - de très loin - avec la métaphore des origines que propose le cours en miracles, nous constatons le thème commun d'une rupture avec l'unité, d'une apparente explosion du Ciel, et la production d'une pseudo création substitutive de la vérité-réalité. Un thème cher également aux gnostiques des premiers siècles du christianisme.
En revenant plus exactement au Seigneur des anneaux, nous observons que c'est l'anneau (le fameux "précieux" de Golum) qui symbolise et focalise sur lui les "effets" de cette tentative de rupture et le faux pouvoir individuel enivrant qui en découle. Frodon est en charge de re-jeter l'anneau dans la montagne du destin, lieu où il a été forgé. Il semble le seul à en être capable...mais il n'y serait même pas parvenu lui même sans l'aide bien involontaire de Golum.
Voilà frère-lumière, soeur-étoile, nous sommes tous des Frodon (et même des Sauron). Une seule chose nous est demandé si nous voulons réintégrer le ciel: renoncer à l'anneau. Et ce n'est pas simple parce que notre désir est duel. Une partie forte en nous veut garder l'anneau, le pouvoir, l'individualité, la particularité.....la petite idée folle! La décision doit être intensément désirée et longtemps réitérée. Et nous ne pouvons pas nous appuyer sur nos seules forces, qui ne sont d'ailleurs pas des forces mais des faiblesses, de simples velléités obscurcies par l'ignorance et le déni du problème.
Mais c'est possible d'y parvenir. C'est possible d'en rire maintenant à défaut d'en avoir ri à l'origine (parce que "l' origine" est toujours ici derrière les apparences). C' est possible de prendre conscience que le monde que nous avons fait, le monde que nous voyons, est "le système délirant de ceux que la culpabilité à rendu fous". Et c'est possible, sortant de ce rêve de pouvoir factice et d'insanité, de retourner au Ciel pour nous y reposer dans l'amour de Dieu et dans le partage (égal et réel) des dons du Royaume.